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Interview Mathieu Bijasson

"La ligne directrice de mon ski, c'est skier sur Balme avec les potes". Rencontre avec Mathieu Bijasson, 26 ans, premier du Freeride World Qualifyer 2012.   


article Mathieu bijasson

Il s'entraine au freeride dans les parks et sur les parcours de golf. Il n'a jamais percé en half-pipe et entre sur le Freeride World Tour (FWT) l'hiver prochain. Il avoue que "la ligne directrice de mon ski, c'est skier sur Balme avec les potes". Mathieu Bijasson, 26 ans, est l'un des quatre frères Bijasson (dont deux skieurs, Nicolas et Mickaël) et il n'aurait pas pu mieux réussir sa saison : il termine premier du FWQ (Freeride World Qualifyer qui donne accès à la première division, le FWT). Et dire que cette belle saison (résumée dans cette vidéo exclusive) tout a commencé par une wildcard...   

-Tu as commencé ta saison avec une wildcard sur l'épreuve de la Clusaz, avec ton frère Mickaël ?

-La station de la Clusaz avait 4 wild cards, dont une pour moi et Loïc (Collomb-Patton), mon frère Mickaël a bénéficié d'un désistement. Sinon ce n'est pas facile d'entrer sur ces FWQ, il faut passer sur des petites compets, faire des points, ça peut vite prendre une saison. Du coup avec mon frère on a fait toute la saison ensemble. C'est plutôt cool d'être avec son frère, ça motive vraiment, lui me connait bien, on peut se donner des conseils, se rassurer. Il est objectif sur mon niveau, et moi sur le sien. A la Clusaz, au départ, j'avais peur, je me suis mis un coup de pression, il m'a donné confiance, je le remercie, s'il n'avait pas été là je n'aurais pas posé le même run. 

-Tu débarques dans le FWQ après une année sans ski ?

-J'ai arrêté le half-pipe en 2009, en 2010 je n'ai rien fait. Je n'ai pas skié du tout pendant la saison : j'ai fait du motocross, du kite et de la maçonnerie (Mathieu bosse dans l'entreprise de son père, ndlr). Je me suis rendu compte que le ski me manquait, j'ai pu me permettre de prendre un hiver pour skier avec mes potes, sans ambition. J'ai fait une compétition de freeride (Nendaz en 2011) où j'ai déchaussé, j'ai filmé un peu, j'ai concouru aussi à la première édition du Radikal de La Clusaz : j'ai eu peur, je n'ai pas passé les qualifs... Dans ces deux compétitions, j'ai pu évaluer le niveau global, me situer. En freestyle, je n'ai plus envie de chercher le haut-niveau : c'est dangereux et c'est trop d'investissement toute l'année. En freeride, ça me plait, ce sont des sensations nouvelles et je retrouve la dynamique que j'avais en commençant le pipe. J'ai toujours skié à fond, à Balme, dans les bosses, la trafole, il me manquait simplement l'engagement, l'expérience et le repérage des faces pour les compétitions freeride. Mon objectif était d'accéder au FWT, c'est réussi... et en plus je termine premier du FWQ ! 

-Tu es prêt pour le FWT ?

-En début d'année, je ne me sentais pas prêt, maintenant oui ! Autant pour le niveau technique que dans ma tête. Je n'ai pas peur et je pense que je peux gagner. J'ai appris  le repérage cette année : ajuster les dimensions à la distance, la pente, la qualité de neige. Je pensais par exemple qu'on ne pouvait sauter une barre qu'avec de la poudre, en fait non, on peut sauter même avec de mauvaises conditions de neige à condition d'avoir de la vitesse. J'ai beaucoup pris de conseils auprès de ceux qui étaient déjà sur le circuit. Ca m'a servi mais pas toujours aidé : une fois en Autriche j'avais fait mon repérage tout seul, je pensais prendre une barre en double. J'en discute avec un concurrent, il me dit "tu es sûr ? C'est engagé...", ça m'a fait douter, j'ai changé ma ligne, alors que j'en étais capable, ce serait passé... et j'ai posé un petit run qui m'a mis 11ème. Il faut bien se connaitre, avoir confiance en soi, cela permet d'avoir confiance en son repérage. Je ne suis pas très bon en repérage, donc je choisi des choses simples (pas d'entrée étroite, de barres qui posent dans un couloir). Une fois que je me suis décidé, il faut y aller en toute confiance ! 

-Tu vas apporter des tricks sur les pentes du Freeride World Tour ? C'est une vieille histoire qui ne s'est pas réellement concrétisée jusqu'à maintenant dans des runs gagnants... à l'exception des backflips.

-Je pense qu'il est possible de mettre un trick dans un run de freeride, beaucoup en sont capables, comme Kye petersen, il a fait un 360° sur une barre de 20 m en milieu de face, sans kick, en first tracks à Revelstoke. Cela dit, ce n'est pas évident, surtout quand tu repères ta ligne de loin. En fait, avant de trickser, il faut déjà avoir un run super solide : une belle ligne, de la vitesse, des réceptions propres... Ce n'est pas le trick qui te fait gagner, c'est le bon run avec un trick en cerise sur le gâteau.

Il y a deux types de skieurs sur le Tour et dans le freeride en général : ceux qui prennent des lignes simples avec des gros sauts (et des tricks, comme Matti Imbert) et ceux qui font plutôt du big mountain engagé genre "si tu tombes t'es mort" (comme Henrik Windstedt) où le trick n'est pas autorisé. Je suis dans le premier cas, car je n'ai ni les qualités, ni l'expérience pour le second type de ride. 

-Tu penses que cela paiera devant les juges ? 

-Je n'ai jamais fait d'autres sports que le ski jugé, je n'ai jamais eu de chrono, depuis l'âge de 14 ans, donc j'ai l'habitude d'être devant un jury. Sur le FWT, on ne sait pas trop à quoi s'attendre dans les jugements, ce qui va plaire ou pas, quelle ligne va scorer... Il y a un côté aléatoire à chaque compétition et il faut savoir l'accepter. Je ne veux pas critiquer les juges, à leur niveau ils ne font pas des erreurs de jugement, ce sont des choix. En tant que freestyler, je vais jouer avec mes atouts, ensuite laisse aux juges la décision. 

-Reviens un peu en arrière, racontes-nous tes débuts en pipe ?

-J'ai commencé au club des sports de La Clusaz, avec Fabien Cattanéo. Il nous a repéré mon grand frère et moi, il nous a proposé de venir à la section "artistique" (elle s'appelait comme ça à l'époque !). J'ai fait de la compet de bosses et puis rapidement des premières compétitions de big air, des démos, un slopestyle. Fabien a monté le groupe France, il m'a intégré dedans, j'avais 16 ans, c'est de là que tout est parti. Je me suis beaucoup concentré sur le pipe, là où j'étais le meilleur (en rail je n'étais pas bon). Je n'ai jamais vraiment percé mais j'étais dans le niveau : 5ème au classement général de Coupe du Monde. J'avais un petit wagon de retard par rapport aux leaders. En 2009 j'ai fait ma meilleure saison et à la fin, j'ai été viré du groupe France et de Dynastar. Du coup je n'avais plus trop le choix : plus de sponsor ni de structure d'entrainement, j'avais fini le ski-étude, j'étais livré à moi-même. C'est à ce moment-là que les doubles sont arrivés... J'avais 23 ans, deux blessures au compteur et j'étais certain de pouvoir réussir les doubles... mais je n'avais plus l'envie. Je crois que j'ai été dégouté du pipe, j'en ai trop fait.

-Tu es très proche de toute la bande des "anciens" de La Clusaz ?

-Le fil conducteur de tout mon ski, c'est la ride à Balme avec les potes : Candide, Lolo (Favre), Loïc (Collomb-Patton), Vivien (Thierry), Laurent (Thevenet), Aurélien (Fornier), JL (Ratchel). On s'est connus gamins, on a grandi ensemble à Balme, on s'y retrouve régulièrement. Ce printemps, Candide nous a organisé un gros shooting pour son film à Balme, avec des gros moyens. Ca montre notre cohésion. Candide a choisi les riders locaux parce que c'est avec eux qu'il ride. Ce n'est pas du freestyle, ni du freeride, c'est du ski libre : on skie, on saute. Au fond, j'ai toujours préféré le ski freeride, mais il n'y avait pas ça au club de ski. Sur le tournage de Candide, c'était assez chaud, l'hélico nous filmait et on devait skier ensemble bien groupés de haut en bas de Balme, enchainer des sauts dans des bosses, la neige était pourrie, c'était physique, il fallait avoir des jambes ! 

-C'est de là que viennent les Zunis ? Rappelle-nous ce que c'est ?

-L'année dernière, j'ai participé à deux compet freeride (La Clusaz et Nendaz) avec Loïc, on n'avait aucun sponsor. Il a eu l'idée de nous trouver des mécènes pour nous aider financièrement à aller au bout de la saison (déplacement, logements, inscriptions). Ce ne sont pas des sponsors, mais des gens qu'on connait, qui ont envie de nous aider parce qu'ils nous aiment bien, pas parce qu'on va leur apporter quelque chose en retour. Les sommes ne sont pas astronomiques mais le rapport est sain. Sans cela, je n'aurais pas pu faire ma saison, je les remercie donc ! Loïc aime gagner mais il n'aime pas se montrer. Je suis un peu comme ça, c'est pour ça qu'on s'entend bien. Par exemple, dans le film de Candide, il a une veste Sun Valley de 1998 orange ! Il s'en fout... moi je m'en fous aussi mais je m'en rend compte ! On se complète bien, on se motive et j'aimerai dire qu'on nous retrouvera l'an prochain filmés par PVS...

-Qu'as-tu pensé du teaser de Candide justement ?

-C'est super beau ! Il ne m'a jamais déçu. Il en garde beaucoup dans la boite, on va halluciner quand le film sortira ! Candide est un modèle pour moi, vraiment, depuis toujours. Si je me suis convaincu qu'en freeride j'avais moyen de rider avec les meilleurs, c'est grâce à lui, c'est l'année où il a gagné le FWT. Je skie souvent avec lui, je le vois, il est très fort, d'accord, mais je crois que je peux y arriver comme lui. 

-Tu commences bientôt ta saison de golf ?

-Je termine juste l'hiver et j'attaque ma saison de golf à Talloires début mai. Ces deux sports sont saisonniers, donc ils se complètent bien. Ca procure vraiment des sensations et il y a toujours quelque chose qui te pousses à continuer. Quand on réussi un bon coup, c'est jouissif, et quand tu réussis un parcours entier, c'est encore mieux ! J'ai un problème : je m'énerve assez vite, j'ai déjà jeté des clubs ! Pourtant je n'abandonne pas, je continue, je sais qu'il faut être détendu, c'est là qu'il y a un réel travail à faire sur soi et le golf m'aide. C'est aussi un sport qui ne casse ni le dos, ni les genoux. 

-Tes frangins ont bien performé cette année : Mickael termine 10ème du FWQ et Nicolas décroche une wild card en pipe aux XGames ?

-Mick, on ne s'y attendait pas ! Nico et moi, on a rempli nos objectifs. Et puis vu qu'on est en compétition entre frangins, quand l'un réussi, les autres suivent ! On est proches en âge (21 pour Nico et 28 pour Mickaël), proches au quotidien, dans le sport et le travail.

4 Commentaires

Etienne.B Bel esprit, chapeau pour le FWQ et hâte de voir ta descente de balme dans le film de candide.
 

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Deep_pow38 Belle interview, on sent qu'il y a de l'ambition et de la confiance en soi dans son discours, et Dieu sait qu'il en faut pour assurer sur le FWT! Donc bonne chance !

P.S : Loïc Collomb-Patton aurait pu faire un effort pour sa veste dans le film de Candide quand même...
 

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pioul Bravo à Mathieu pou sa saison ! Pour avoir suivi un peu le FWQ, il fallait vraiment être solide pour finir devant.

Je profite également de cet article pour réclamer une meilleure couverture de ce Tour sur Skipass.
Le niveau est énorme, il y a plein de Frenchi à suivre et le tour mérite largement d'être suivi dans son ensemble. Comme ça, avec un peu de chance, on verra peut être la création d'autres évents en France. C'est un peu court une seule étape (4*) sur notre territoire.
 

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