Coup d'oeil sur la fixation de ski

On a tous remarqué à quel point les fixations peuvent modifier le comportement d’un ski, le comportement d'un même modèle peut-être radicalement transformé par la fixation. C'est donc un choix crucial et pour connaître un peu mieux comment fonctionne une fixation de ski alpin - notamment la notion de course élastique - je suis allé voir Sébastien Rideau, chef de produit fixation chez Look/Rossignol. 

-Les fixations étaient en métal, elles sont aujourd’hui plus souvent en plastique. Est-ce que cela signifie qu’elles sont moins solides ?

-Si le plastique est moins cher que l'aluminium, il a beaucoup évolué, on utilise maintenant du polyamide avec des fibres courtes de verre à l’intérieur. Ses propriétés mécaniques atteignent aujourd’hui la résistance suffisante pour une DIN 14, ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans, il fallait alors utiliser de l’aluminium pour ce type de serrage. Il y a eu d’autres évolutions, notamment les systèmes intégrés et la facilité de montage et de réglage. Si globalement la fixation est restée inchangée depuis les années 60, elle s’est évidemment affinée dans la fiabilité des réglages, les matériaux, la vérification en production.

-Pourtant le prochain grand chantier dans l’évolution de notre pratique se jouera sur les fixations ?

-C’est vrai, et on a souvent imaginé des fixations nouvelles. Look par exemple en 1979 avec un fixation intégrale utilisant des chaussures développées par Nordica : une entrée arrière avec une semelle de même longueur quelle que soit ta pointure, c'était une fixation ultra-plate à installer sous le pied. Certains magasins de location aux US l’utilisaient encore en 1999 parce qu’elle ne nécessitait pas de réglages ! L’idée de changer la norme chaussure/fixation existe depuis un moment, le problème est qu’il faut tout changer car les skis sont vendus en package complet. Les forces commerciales ont une grande réticence à voir arriver ce genre de produit. C’est lourd et contraignant, personne n’a pris le parti de créer un système hors-norme, Dynafit, dans la rando, a eu le culot de le faire (Salomon a également essayé pour les professionnels, ndlr).   

-Aujourd’hui, les système intégrés dominent ?

-Blizzard est la marque qui est allé le plus loin dans l’intégration, il n’y a pas de pièces rapportée, pas de vis. De l’autre côté, il y a la plaque vissée sur le ski. Tous les fabricants ont navigué entre les deux extrêmes et ces systèmes représentent le gros du marché pour les skis piste et all mountain.  

-La fameuse fixation Pivot Look, avec sa talonnière verticale, avait disparu après une longue et fructueuse carrière... pour être ensuite réintégrée ?

-On l’a utilisé pendant trente ans, dans la course jusqu’en 2004 et puis on a eu besoin de développer des fixations qui boostaient le ski. Les skis se sont raccourcis et nous avons eu besoin de plus de pêche, d'une fixation plus dynamique alors que la Pivot est plutôt neutre. On a donc abandonné ce concept et ensuite on s’est rendu compte qu’elle était très adaptée pour le freeski. C’est pour cela qu’on l’a relancée. La Pivot a une longue course élastique (à l’opposé d’une Marker par exemple), une caractéristique qui n’est pas normée mais qui est importante. Elle peut absorber un choc supérieur avec le même réglage DIN, en dissipant l'énergie. Donc une grande course élastique te permet de skier fort avec un faible réglage DIN, ce qui donne une meilleure sécurité puisqu’elle déclenchera même à faible vitesse.

On reparlera dans le mag du matos des fixations de randonnée-alpine, un secteur créatif, d’autant que Salomon prépare l’annonce d’une belle nouveauté dans ce domaine. 

Sachez qu’il existe une table de réglage officielle des fixations qui détermine la force de serrage selon la pointure, la taille, le poids et le type de ski :