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Trip printanier en Iran

Patrick Vuagnat et ses potes cherchaient la poudreuse caviar en Iran, ils ont trouvé de la soupe.

article Trip

Un trip freeride, ce n'est pas toujours une corne d'abondance de poudreuse... même en parcourant des milliers de kilomètres pour finalement trouver la même neige molle de printemps que dans nos Alpes. On a l’air malin nous ! On n’étaient pas partis en Iran pour se gaver de caviar, mais de là à se taper une infâme soupe. Pas d’bol, mauvais timing, Sarko président, réchauffement climatique, attaque nucléaire… les raisons invoquées ne manquent pas quant au plantage de notre trip iranien. Ceci dit, on n’est pas du genre à baisser les bras et on a prit notre courage dans nos petites mains poilues pour ramener quelques clichés très chauds.

Avouez-le, pour vous l’Iran est un pays plein d’Islamistes dangereux préparant en cachette des armes de destruction massive, un pays en guerre avec l’Irak pendant toute notre enfance. En fouillant un peu, on trouve aussi quelques histoires de baroudeurs rapportant des récits fabuleux et pleins d’humanité (pour ceux que ça intéresse, vous pouvez lire par exemple le magnifique "L'usage du monde" de Nicolas Bouvier). Vu de chez nous, c’est vrai que ce pays est entouré de quelques-unes des régions les plus dangereuses de la planète (Irak, Afghanistan, Pakistan…).

C'est ce que nous avions en tête en arrivant à Téhéran (je passe sur les détails du style comment rater  sa correspondance à Istanbul, se réveiller avec un mal de crâne cinq étoiles ou encore comment faire flipper tes potes en te déguisant en terroriste). Les premiers pas dans la capitale au milieu de ses 20 millions d'habitants se font forcément avec méfiance, mais nous nous faisons vite porter par la vie qui grouille dans ses artères. Il y a très peu, voir aucun touriste en Iran, les habitants vous arrêtent à tous les coins de rue pour savoir d’où vous venez, ce que vous faites ici et surtout si vous n’avez besoin de rien… Ils ont ce souci que les touristes se plaisent en Iran et véhiculent une meilleure image de leur pays.

Les systèmes bancaires ne sont pas reliés avec notre partie du monde, du coup, les meilleures opérations de change se font dans de petites arrière-boutiques d’un quartier populaire de la ville. Et on y devient vite millionnaire (en apparence) : avec 1 000 dollars nous obtenons 13 500 000 rials, dans un sac plastique !

Depuis Téhéran, nous partons en direction de la station de Dizin, distant d’à peu près 100 km de la capitale, pourtant ici, les distances ne se comptent plus en kilomètres mais en heures d’embouteillage (5 heures dans notre cas). Le premier contact avec le freeride et freestyle local se fait par le biais de la route, tant leur façon de conduire est… déroutante ! Pour les déplacements, nous optons pour une formule avec chauffeur, si ce n’est pas obligatoire, c’est fortement conseillé, l’addition reste raisonnable surtout à 0,07 € le litre d’essence...

Les stations du coin, bien équipées en remontées mécaniques d'occasion françaises, avec télésièges casse-mollet, tire-cul et les petits œufs orange de notre enfance, sont :
-Tochal, la plus proche de Téhéran, située presque en banlieue avec des pistes peu pentues.
-Shemshak, proche de Dizin et accessible depuis cette dernière, avec des pistes plus techniques, et de jolis chalets suisses.
-Dizin, enfin, qui monte jusqu’à 4 200 mètres, avec un terrain de jeu immense et vallonné. Quand il fait beau, on peut apercevoir le mont Damavand, qui culmine tout de même à 5 670 mètres d'altitude.

Nous choisissons Dizin parce que c’est la station la plus haute d’Iran, on y est susceptible d’y trouver des conditions moins pires. La neige s’est fait la malle à grand coups d’UV. Va falloir se faire une raison ou du vélo, bon vu qu’on n’a pas pris les vélos... Les conditions de printemps sont bien avancées, la neige trop mûre est jaunie par les vents de sable, elle n’a pas seulement la couleur du désert mais aussi ses propriétés en se transformant en un bourbier digne des sables mouvants. On se fait happer les jambes jusqu’à mi-cuisse par endroits ! A moins de rider sur du carrelage plus tôt dans la matinée... En gros, deux heures sont exploitables dans la journée. Mais ce n'est pas suffisant pour entamer notre enthousiasme. Après avoir fait le tour de la station, relativement déserte, nous trouvons de quoi jouer à saute-cailloux dans des lignes fort sympathiques entre les pierriers.

Nous trouvons même un peu d’aide auprès du service des pistes, prêt à mobiliser un engin pour nous fabriquer un kicker. Avec des inscriptions perses sur les toits des bâtiments, on imagine les pires wallride et autres corner… les clichés ne sont plus qu’à porté de pelle. On se frotte les mains, c’est du quasi tout cuit ! Quand ils comprennent finalement ce que nous voulons faire, ils font tout d’un coup mine de ne pas comprendre, et les seuls mots qui leur viennent sont : "no" et "too danger"… Joignant les gestes à la parole, ils montrent un tel engouement à détruire notre coffrage de kick qu’on préfère ne pas se fâcher. On va parlementer. Successivement avec le chef des remontés, le chef de la station et le chef de la police pour se retrouver face à un « non » général. Comme quoi il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant d’avoir poussé mémé dans les orties.

C’est quand même un drôle de pays, dans lequel on ne peut pas gaper une tranchée pour poser sur un toit métallique… On a donc occupé nos journées à jouer à cache-cache avec les pisteurs, repérer et skier chaque recoin de la station.

L’après-ski, ne s’arrose pas à la bière ici : on se console en fumant une chicha, en appréciant la bouffe locale et dans le sauna d’un complexe sportif un peu en contrebas dans la vallée, avec les horaires des hommes et les horaires des femmes. En Iran, les filles doivent porter le voile, éviter les tenues trop près du corps, faire la queue au télécabine dans la file réservée aux femmes, et toujours être accompagnées de leur père, frère, ou mari...

Question logement, il y a deux hôtels à Dizin, et un troisième en construction. Ils sont assez compréhensifs et on a pu dormir à cinq dans une chambre de trois, mais le plus étonnant est qu’ils ont permis à Audrey, seule fille de notre fine équipe, de dormir avec nous.

En station, considérée comme un endroit assez occidentalisé, Audrey a pu, sans répression, faire dépasser quelques cheveux de son tchador, la liberté ! Les jours que nous passons à Dizin sont relativement cools et peut se lâcher un peu plus que dans d'autres parties de ce pays. Des Néo-Zélandais rencontrés là-bas partagent même avec nous un alcool de contrebande à l'origine indéterminée.

Nous trouvons finalement (on revient au ski, là…) un petit step-down fait de béton, de poutrelles rouillées et d’une petite couche de neige… Là encore, il nous faut user de patience et discrétion pour ne pas se faire jeter par les autorités locales.

Après quatre jours comme ça, notre "guide" sur place nous présente ses projets de développer une sorte de base d’accueil pour les freeriders, randonneurs, vététistes et autres aventuriers. De l’héliski devrait même être proposé ici, encore faut-il avoir le courage de monter à bord des vieux hélicoptères de l’armée !

Le ski au Moyen-Orient, c’est un voyage à part entière avec son lot de rencontres, de sourires, de découvertes, de soleil, de kébabs et de pigeots break ! Avec la situation politique quelque peu tendue vis-à-vis de l’occident, ce n'est pas vraiment la destination touristique à la mode. Pourtant on a rarement été accueilli avec autant d’enthousiasme et de chaleur par les locaux, et ça, c’est pas au 20h de TF1 qu’on vous le dira. L’Iran c’est aussi le berceau de la civilisation perse qui fut l’une des grandes puissances de l'histoire. La culture c’est pas votre truc ? Alors levez la tête et salivez ! Avec plus d’une centaine de sommets dépassant les 4 000 mètres d'altitude, il  y a de quoi faire… dans de la bonne neige.

Texte : Patrick Vuagnat et Julien Rambaud
Photos : Julien Rambaud

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Le front de neige.

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Un bon vieux Pomagalski.

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Un autre type de piquets pousse ici.

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La station de Dizin.

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Patrick Vuagnat en ski nautique.

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Session jib volée sur un chantier.

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11 Commentaires

freeryan Superbes récit ... un bon trip apparemment malgrès le manque de neige ...
Les Photos sont réussis en tout cas ...

Faut avouer quand même que y a encore beaucoup de neige chez nous ;) la soupe ce sera fin avril :) :p
 

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Skyppy. Trip sympa, et photos superbes, comme tous vos précédent trip ;)
Content de voir enfin cet article dont m'avait parlé Thibault JDC lorsque je l'ais rencontré cet hiver :)
 

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wandrille Merci de cette article, cela fait toujours plaisir de redécouvrir l'humanité des hommes que que notre société catégorisent comme les méchants!
 

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Barf Bravo les gars, mais ce n'est vraiment pas de bol parce que j'étais à Dizin il y une semaine (21 mars) et il y avait quand même beaucoup plus de neige...
Quand y êtes vous aller?
 

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sparkman ben dis donc c est le choc culturel avec l iran, je suis expatrie dans le pays est je ski tous les we a dizin... evidement vous avez choisi la fin de saison ou il y a pas mal de soupe aie aie ...l annee derniere c etait plus cool -30C sur les telesieges et il neige dans le desert ou il fait d habitude 50C a l ombre en ete .... Le meilleur moment c est janvier juste apres l ouverture mega poudreuse parfois super brouillard faut pas avoir peur rien n est balise et neige vierge en avant en ouvrant grand les yeux en suivant la pente, facile, enshallah ...peur de rien ici comme la conduite personnellement je conduis tous les jours et travers le bazar le pire endroit de la capitale pour le trafic, d ailleurs quand je suis dans le trafic parisien a paris je dors hehehe...a petit detail attention sur la route entre shemshak et dizin au eboulis frequents les cailloux vont de qques grammes a plusieurs centaines de kg mais la montagne quand on aime on compte pas ...
 

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.damdam. Sans rire magnifique, c'est du genre a vous réconcilier avec le printemps des trip comme celui la...

Thumbs up
 

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