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Interview Cédric Pugin

Un skieur à l'ancienne qui aime la trafolle, les couloirs gelés, les murs de bosses...

article Sainte foy

Cédric Pugin, 26 ans, est le skieur anti-fashion. Un skieur à l'ancienne, bien posé sur ses pieds comme sur son style. Il a amassé dans sa solide structure osseuse et musculaire, le bénéfice de décennies de ski, savoir qu'il transmet fidèlement, sobrement, sans rien y ajouter ni travestir. Sans rien dénaturer. Il ne se pose pas en skieur moderne, accro du trick, il ne revendique rien d'autre que le plaisir de skier, si possible en pente raide et vite, très vite. Il skie comme s'il ne voulait rien déranger de l'ordre établi de la montagne, ce qui, dans le bruit ambiant et les agitations éphèmères, fait du bien.

On a besoin de piliers du ski comme Cédric, discrets, presque muets, pour nous rappeler aux sources de la glisse, hors des modes. On a besoin de cette approche des pentes, de cette douceur déterminée dans la lecture de la montagne, de cette économie de mots et de gestes, de cette sobriété pointue et pointilleuse.
Son ski est impressionnant, comme par exemple dans cette descente du Grand Raid Master, en 2006, qui réunissait tous les vainqueurs du Grand Raid sur les pentes de Courmayeur pour une édition spéciale anniversaire. La crème du freeride français. J'étais dans une immense pente pour voir passer les coureurs, au sortir d'un couloir que j'avais négocié en escaliers. Lui l'a avalé en une seule courbe et s'est lancé, tout droit dans la pente, sans frémir, caréné comme une fusée, il est passé devant moi, à un mètre de distance peut-être, dans une neige de printemps traître, pas loin de la vitesse du son. Il était indétrônable. Sa ligne semblait indestructible. Et elle l'était. Il a gagné la compétition. Cette semaine, c'est lui qui ouvre l'étape tignarde du Freeride World Tour cette semaine.

-Que représentent les compétitions pour toi ?
-C'est un moyen de progresser en engagement et en technique. Ca m'a toujours plut la compétition, en ski, en vélo. Ca me permet de toucher mes limites, de voir jusqu'où je peux aller. Je vois d'autres facons de skier, ce qui peut se faire. Par exemple à Tignes il y a deux ans, en compétition, j'ai enchaîné de haut en bas des passages difficiles, dangereux, ce que je n'aurais jamais tenté en temps normal. La pression de la compétition me stimule. C'est aussi une manière d'être présent vis à vis des marques, des sponsors, exister dans un petit milieu. Je sais pourtant qu'un jour la compétition ne me plaira plus, c'est sûr. Ce qui me fait rechigner dans les compet de freeride c'est d'attendre ton tour pendant quatre heures,  de partir, de perdre les deux skis et s'écraser. Je dis ça parce que ca m'est arrivé un jour où il y avait 60 de poudre !  Cet hiver, j'ai participé à trois compétitions dont deux où les conditions étaient pourries, le lendemain, je suis monté et skié tout seul toute la journée.

-Tu ne vis pas complètement du ski, tu travailles l'été ?
-On va dire que je suis semi-pro depuis 2005. Je bosse dans un shop l'hiver à Val d'Isère et je suis maçon l'été. Le shop me permet de skier tous les jours, alors que quand tu es moniteur, tu ne skies pas ! Là, je skie quasiment tous les jours, le plus possible, de 3 heures pour une petite journée à 6 ou 7 heures pour une grosse. Skier beaucoup est indispensable. Il m'est arrivé de travailler 15 jours sans skier et de ne plus avoir de sensations, me retrouver à cul sur mes skis.

-Comment décrirais-tu ton ski ?
-Je skie vite et s'il y a des sauts, je saute, je ne vais pas sauter sur du carrelage comme certains en compétition, ça me dérange. J'aime aussi aller là où personne ne va, des couloirs qui se font avec une corde, avec un rappel en entrée ou en sortie, pour mettre du piment à la descente. Cela demande beaucoup de repérages et de patience. Ce n'est pas du grand ski mais ce sont des lignes difficiles, elles restent souvent personnelles, sans photographe ni cameraman. Claquer des grosses barres, ça ne ressemble pas au ski que je fais tous les jours. J'assume mon ski classique même s'il ne me fait pas gagner en compet.

-Comment vois-tu l'évolution du freeride ?
-Le freeride a pris un bon envol, ça a vraiment progressé, le niveau est monté haut. Avant les skieurs s'explosaient derrière les grosses barres, maintenant la plupart replaquent, dans des gros runs, avec un gros niveau. Les gars ne vont pas sauter des trucs plus gros, ça va rester dans les limites du ski, ce n'est pas du base jump ni du speedfly, descendre des faces engagées à la vitesse où ça se fait en ce moment, c'est déjà gros.

-Tu aurais pu choisir de ne pas être médiatisé et de continuer à skier tranquillement dans ton coin ?
-Certains skieurs sont toujours dehors, ils sont fous de ski, passionnés et ils ne sont pas connus. Je n'ai pas voulu être comme ca, j'ai participé à deux ou trois compet qui m'ont permis d'avoir une opportunité à saisir. Je pourrais acheter mes skis en ce moment, être inaperçu. Mais le mec médiatisé, il va faire 100 jours de ski, l'inconnu 150. Une journée de ski, c'est une journée quelle que soit la neige, tu dois t'adapter. C'est ce qu'on faisait avec Olivier Meynet : mettre les skis sur le dos, monter 30 minutes pour tracer un couloir dégueulasse, tu appprends à skier là, tu apprends à t'adapter aux changements de conditions. Quand c'est pourri je skis le plus vite possible dedans et le jour où c'est super bon, c'est facile !

Ce n'est pas dans deux mètres de poudreuse que tu vas voir un bon skieur, mais dans un champ de bosses en vieille croûte regelée. Certains me voient comme quelqu'un qui n'est jamais content, qui tire toujours la gueule. Alors que le ski est ce que je préfère. C'est ma personnalité. Mon but est de continuer à progresser, si possible entrer dans ce groupe des 14 top skieurs du Freeride World Tour. Je ne me dis pas : "je veux être champion du monde", en me levant le matin, je pense à ma journée de ski. Mon but est de pouvoir progresser, visiter d'autres stations, d'autres montagnes.
D'ici quelques années, le ski va changer, je ne ferai peut être que de la montagne (grimpe, rando), je ne vais pas ranger mes skis pour aller à l'ESF. Je me moque de sauter la plus grosse barre de la compétition, me claquer les vertèbres en bas. Mon but est de faire de la rando, des couloirs, du vrai ski, et quand j'aurai 60 ans, je n'ai pas envie de me traîner sur les pistes de bar en bar. Je vois des guides de 60 ans qui sont tous les jours dehors, super à l'aise en ski, posés, sereins.

-Donnes-nous tes recettes d'entraînement ?
-Skier dans les murs de bosses tout droit en faisant des courbes, pour travailler l'équilibre, se faire secouer, rider en télémark pour me faire des grosses cuisses. Comme Sylvain Saudan (skieur extrême précurseur, ndlr), j'ai skié dans les cailloux, dans la neige pourrie. En fin de saison après le Grand Raid, j'ai posé mes skis pour faire de la rando, tous les jours, aller chercher des couloirs. Skier au-dessus d'une barre, cheminer dans une falaise avec chute interdite ou un couloir à 50° tout dur avec les skis qui broutent, ça me fait avancer.

-Quels sont les skieurs qui t'impressionnent ?
-Ceux qui ont fait du ski de bosses sont ultra-rapides et posés, comme Laurent Niol, Enak Gavaggio pareil. Nico Anthonioz, je le suivais dans la forêt, il était hyper vif, c'était presque pertrurbant tellement il était vif ! Hugo Harrison, quand j'ai acheté mes premières vidéos Matchstick, c'était lui qui m'impressionnait, il ne sautait pas en Lincoln mais claquait des lignes à 300 à l'heure. Je me suis dit : "je veux skier comme lui", j'avais 18 ans. Après j'ai regardé les vidéos de Marco Siffredi et de Jean-Marc Boivin, ça me fait rêver ces faces extrêmes, c'est par là que j'ai envie d'aller, il faut que mon expérience serve à quelque chose et que je la fasse partager, avec des potes, des clients, des jeunes. Le snowpark, je ne me suis jamais dit "je veux en faire", pourtant j'aime bien suivre une compétition de pipe, j'apprécie cette forme d'engagement, mais je me dis que passer une journée dans un pipe doit être chiant, alors qu'en une journée tu peux faire un bon paquet de couloirs !

Texte et photos : Guillaume Desmurs

15 Commentaires

jayscie73 de belles et sages paroles pour un skieur simple et efficace comme on les aime !
Merci de redonner ses lettres de noblesse à un "simple" virage les pieds posé dans la poudre.
Que l'esprit de la glisse soit avec vous ^^
 

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mimi83 mais non tu tires pas la gueule !
bel interview
profites a fond de tes belles journées de ski , fais nous réver ! ramina
 

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B.Sticks il adore skier dans la neige de merde en tirant la gueule... et nous on aime skier la peuf avec le sourire... c'est parfait alors
 

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minidou Un vrai skieur!!! Pour l'amour des lieux et des belles-traces!!! Ainsi chaque jour de ski ne ressemble pas aux précédents.
 

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labuche1 il fait parti du club tres restrain des skieurs skiant dans l'axe!!!

et oui l'axe!!

donc plutot solide sur des skis

la comete
 

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Teufa dans la peuf on est tous champion du monde!
:) boivin et siffredi ont du passer par là
 

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