FWT AK : le grand final

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FWT AK : le grand final

retour sur la journée de compétition

article Freeride world tour

Avec un peu de retard, après 2 jours passé dans les transports pour revenir d'Alaska, voici notre compte-rendu de cette première édition du Freeride World Tour en Alaska, telle que nous l'avons vécue de l'intérieur

Il faut finir le job

Lundi 23 mars, 5h : réveil au clairon, il est l’heure pour tous les riders et l’organisation de monter au front. Il faut conclure en beauté ces 12 jours de découverte et d’attente (résumé des épisodes précédents), et effacer la frustration et l’angoisse des derniers jours. Aujourd’hui, on ne parle pas de fenêtre météo mais de baie vitrée : pas un nuage à l’horizon, pas un souffle d’air. Les 40 minutes de route pour rejoindre la base de Mile 33 sont toujours aussi belles. Ca va le faire.

FWT AK : le grand final

Si la météo est OK, on garde une légère appréhension sur les conditions de sécurité, 50 cm de neige fraiche étant tombés 2 jours plus tôt. Les rapports complémentaires du matin sont rassurants : quand Fanfan dit qu’on peut y aller, c’est qu’on peut y aller. Ah oui, Fanfan, c'est Stéphane Dan, Guide chamoniard en charge de la sécurité ici, doublure de James Bond, acolyte d'Arno Adam à la grande époque, Guide de Travis Trice sur le tournage de The Art Of Flight. Bref, un gars qu'il fait bon avoir à ses cotés.

A Mile 33, le ballet des hélicos peut commencer. D’abord les guides, puis le staff de production, puis les snowboarders, puis les skieurs et ainsi de suite jusqu’à ce que tout ce beau monde soit sur le site, à 5 minutes de vol de là. Au total, plus de deux heures de rotations pour les deux hélicos dédiés à la logistique de course. Et oui, en Alaska on ne fait pas d'omelette sans bruler du kérosène (et beaucoup de cash).

Arrivés sur le ridge, la crête située en regard de "The Venue", le nom officiel de la face, on sent que la récompense est proche, palpable, et le pari insensé en passe d'être gagné : avec seulement quelques dizaines de minutes de retard sur l'horaire prévu, le snowboarder Sammy Luebke s'élance et entre dans l'histoire du Freeride World Tour. 

George Rodney King of the Hill

George Rodney pose un run magnifique, avec un enchainement magistral sur le haut de la face (malgré une grosse frayeur) et s’approche un peu plus d’une victoire au général. Il va lui falloir désormais briller à Verbier, pour sa toute première participation. 

"J'étais confiant mais effrayé, on ne voyait pas grand chose du haut. J'ai fait exactement ce que je voulais faire à l'exception d'un saut qui aurait demandé de rompre la fluidité du run. L'Alaska est un terrain de jeu fantastique, je vais utiliser mon prize money pour revenir juste après Verbier.
Ce sera ma première fois sur le Bec des Rosses, qui est actuellement le fond d'écran de mon ordinateur. j'ai hâte de m'y confronter"

Second, Jérémie Heitz a mis à profit ses nombreuses heures de ski en AK ces dernières semaines (il tournait des images pour une pub d’une marque de voitures allemande avec des anneaux, et a pu enchainer les déposes). Explosif, il avale son run comme un short stack de pancakes et confirme ses ambitions. Il jouera le titre à Verbier.

"Avoir mal aux jambes quand t'arrives en bas, c'est bon signe, ça veut dire que t'as skié longtemps et que t'as donné tout ce que t'avais. C'est une vraie montagne, quand tu regardes les hélicoptères là bas, ils sont tout petits. Ca demande plus d'expérience pour repérer les lignes, il en faut plus des comme ça!" Jérémie Heitz

On garde également à l'esprit les runs magnifiques de Drew Tabke (5ème) et Sam Anthamatten (9eme). Le premier pour son 360 magistral sur une grosse barre, le second pour la beauté de son ski, le fait d'avoir ouvert une belle zone vierge et les tirs qu'il place dans la dernière partie de la face (sa 9ème place est due aux "hip checks", réception un peu sur les hanches, sur les tirs en question)

FWT AK : le grand final

Du coté des filles, ça skie fort aussi et c'est l'italienne Silvia Moser et son éternelle bonne humeur qui s'emparent de la première place, devant Eva Walkner qui est d'ores et déjà sacrée Championne du Monde 2015 et l'américaine Francesca Pavillard-Cain.
On déplore en revanche un gros crash pour Jackie Paaso, dont le genou est probablement touché.

Kevin Guri : un podium

Pour son avant-dernière compétition sur le Freeride World Tour, Kevin Guri lâche les chevaux dans la première section, avec une barre qui envoie du rêve. L’aigle d’Alaska est en lui. Mach 12 dans la face de transition, il score un solide 80 points. Manquait peut être un gros tir supplémentaire pour rivaliser avec Georges. Relayé un temps au pied du podium par Jérémie Heitz, il finira finalement troisième, au grand désarroi de Sam Smoothy : il faut savoir que les scores de course, diffusés pendant le Live, ne sont pas considérés comme définitifs et peuvent être révisés à l’occasion d’un jugement vidéo supplémentaire, si les juges l’estiment nécessaire comme cela fut le cas. Un peu perturbant pour tous, spectateurs et jury, mais parfaitement réglementaire.

Une belle performance donc pour Kevin, qui attend désormais Verbier pour conclure sa carrière. Il a en effet décidé se se consacrer à la vidéo, on le sent un peu usé par ses années sur le Tour. Il nous manquera.

Le résumé de sa journée par Kevin

C'était dur ce matin , je n'ai beaucoup dormi car il a fallu se réveiller au milieu de la nuit pour finaliser les changements de billets d'avion.
Arrivés là haut, il fallait voir comment était la nouvelle neige et à vrai dire elle n'était pas si évidente à skier, ce qui a expliqué les nombreuses chutes : la neige était poudreuse, mais un peu compacte et prenait vachement les skis.

Le choix de la ligne a donc été très stressant mais une fois dedans, nickel, je me suis senti bien sur les skis, ce qui ne m'était pas arrivé depuis un moment. Que du plaisir. J'ai manqué un saut dans ma ligne, donc j'étais un peu déçu, en tout cas jusqu'à connaitre le résultat.

Content de te qualifier pour Verbier?

oui, c'était surtout ça l'objectif, ça va être les 20 ans et ma dernière compétition. Je n'ai plus le mental pour me mettre dedans en compét, je ne me fais plus plaisir donc voilà, j'aimerai partir shooter et ne plus faire que ça. J'ai la chance d'avoir des sponsors, notamment Dakine, qui me suivent dans ce choix.

Ton bilan de l'Alaska

Le contrat n'est qu'à moitié rempli pour moi. On est resté  super longtemps sur place mais on n'a pas vraiment pu skier ce qu'on aurait voulu skier. On a pu faire 2, 3 déposes en hélico mais ce n'était pas le monstre rêve. C'était quand même vraiment bien, mais je reste déçu de ne pas avoir skié les vraies belles lignes. Mais on reviendra pour ça. 

Les déçus

Parti dans les premiers, on attendait beaucoup de Loïc Collomb-Patton sur cette étape. Une chute vient briser tout espoir de remporter le titre mondial cette année.

" Ca ne s'est pas bien passé aujourd'hui. Pourtant j'étais chaud, j'avais la bonne ligne je pense pour aller chercher la gagne mais malheureusement je me suis boité sur le 2eme saut, je me suis fait prendre un ski à la réception. c'était terminé et je m'étais un peu écrasé le mollet donc je n'ai même pas cherché à finir le run. 

La neige en Alaska, on a l'impression que c'est vraiment vraiment vraiment bon alors que c'est une neige qui n'est pas évidente à skier. C'est une neige qui n'a presque pas d'air, qui est très bonne en réception mais pas évidente à skier. Il faut s'y adapter et on a manqué de ski en Alaska pour pouvoir poser des gros runs aujourd'hui. 

Pour Verbier, je n'ai plus rien à perdre car je ne pourrai pas aller chercher le titre au général, donc on va essayer de gagner. Ca fait un an que j'y pense, et je sais à quoi m'attendre comparé à l'an passé."

Dernier skieur à s'élancer, Leo Slemett a lui aussi de quoi être dépité.  Une entrée de run phénoménale avec un backfip énorme parfaitement posé, du ski agressif dans la pente raide puis un moment d’errance, l’envie de trop bien faire, l’impatience sans doute sur une deuxième partie de run un peu molle, vouloir caser un tricks à tout prix, lancer ce 360 dont il n’avait pas besoin, un ski qui accroche et bloque sa rotation : c’est fini. Ce manque de réalisme le relègue à la 14ème place du classement général du Tour et lui coûte Verbier, c'est dur.

Décryptage

On a pu lire de ci de là sur les internet quelques critiques sur la face, décevante pour certains spectateurs du Live Webcast. Nous avons quelques pistes d'explication.

En premier lieu,  il est toujours difficile de juger de la réalité d'une face, de ses dimensions, de sa déclivité, au travers d'images, aussi bien filmées soient-elles.
Dans le troisième hélico, la cineflex et ses gros plans, magnifiques, n'aura sans doute pas aidé à placer les lignes des riders dans le contexte grandiose qui était offert aux (rares) spectateurs présents sur place. C'était vraiment gros et beau, il fallait prendre du recul pour saisir tout l'énormité du terrain de jeu ce jour là.

FWT AK : le grand final

Certes la phase de transition entre les deux grandes sections était un peu longue, mais tellement nécessaire pour permettre aux athlètes de reprendre leur souffle, et aura été l'occasion de quelques straights d'anthologie. Il faut bien réaliser que cette façe était extrêmement longue et exigeante physiquement, notamment du fait des changements de qualité de neige. Tous les riders nous l'ont dit, tous étaient épuisés arrivés en bas.

Ce qui n'était pas forcément clair pour les internautes, c'est également qu'une grande partie de la face était interdite, notamment toute la partie supérieure centrale, en dessous des corniches de 10 mètres. 

Enfin, il ne faut pas oublier que cette étape d'Alaska était une compétition, réunissant une trentaine d'athlètes, pas un shooting où chaque rider peut choisir sa montagne, sa ligne de rêve d'Alaska tirée d'un film de MSP. Il ne faut dès lors pas être surpris si certaines lignes se ressemblaient : sur toute face, il existe des lignes susceptibles de scorer plus que d'autres, plus riches en obstacles et possibilités. Rien d'étonnant à ce que des pros partagent un certain nombre de choix.
De la même façon, la qualité de neige était variable selon l'exposition des couloirs et spines (bonne en expo Nord, bien moins en expo Est) et les riders en avaient été informés par les Guides. Cela explique aussi que la plupart des runs pouvait se "ressembler" : c'est tout simplement que les riders recherchaient l'itinéraire offrant la meilleure neige possible

Puis bon, comme le résume si bien Kevin Guri autour d'un café en transit à l'aéroport de Seattle au retour, quand nous avons abordé le sujet :

"De toute façon, on va bien où on veut" K. Guri

Du coté des snowboarders

Les glisseurs en travers auront eu l'honneur d'ouvrir la face et de profiter des meilleures conditions. Innovation sur cette étape, ils ont ensuite participé à l'ogranisation en servant de "ski-dudes" pour leur collègue skieurs (le ski-dude, c'est le gars qui va récupérer le matos perdu par un skieur en cas de chute, pour éviter qu'il ne remonte les face à pattes).

Porté par l’enthousiasme, Douds Charlet attaque en switch, et tombe (de façon furtive mais bien réelle) dès le début de son run. La boulette. Il aura beau enchainer avec un 360 d’anthologie sur une énorme barre, cela ne sera pas suffisant pour rattraper cette faute. Il abandonne la place de leader provisoire du Tour à Sammy Luebke, premier à s'élancer aujourd'hui et auteur d'un run superbe, très stylé.


FWT Alaska : Jonathan Charlet #8

Chez les snowboardeuses, la suissesse Estelle Ballet est la seule à s’élancer depuis le start 2, le plus raide. Mais elle ne sera pas récompensée : la neige n'est plus aussi bonne, et les parties raides ont été nettoyées par les hommes. Déception donc de finir seconde, mais elle conserve la tête du tour devant la gagnante du jour, l'américaine Shannan Yates. La française Elodie Mouthon termine en troisième position.

That's All Folks

14h, il faut redescendre tout ce petit monde vers la (toute relative) civilisation. La journée n’est pas finie pour tous, l’enfer des billets d’avion continue pour le staff du World Tour. 

Ce lundi de mars, Nicolas Hale-Woods et toute son armée ont gagné leur pari, alors que nombreux étaient ceux qui ne donnaient pas cher de la peau d'une étape en Alaska. Le World Tour a franchi avec ce stop une étape décisive, donnant au Freeride une compétition emblématique de plus, dans un lieu magique.

Le sport peut remercier toute l'organisation qui a travaillé d'arrache-pied jour et nuit pour rendre cette étape possible, et qui y a cru jusqu'au bout. De nombreux riders ont grâce à cette étape pu poser pour la première fois leurs spatules en Alaska. C'était mon cas également, donc merci d'avoir créé cette belle opportunité de découvrir ce fantastique coin du monde.

Le lendemain, il est temps pour nous de repartir vers les Alpes. Le hasard veut que je sois seul avec la pilote dans le petit coucou ( de 5 places maximum) qui me ramène de Haines à Juneau. Vol privé au lever de soleil, difficile de rêver plus beau départ.

Survol de la mégapole d'Haines, retour vers Juneau puis l'Europe :

FWT AK : le grand final

portfolio

Sam Anthamatten

Photo Guillaume Lahure

Dirty needle

Photo Guillaume Lahure
c'est le nom des couloirs dans l'ombre à gauche
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Loïc Collomb-Patton dans le schoolbus

Photo Guillaume Lahure

Douds Charlet

Photo Guillaume Lahure

Kevin le pirate

Photo Guillaume Lahure

Kevin Guri

Photo Guillaume Lahure
recadrage d'une photo prise au 300mm avec doubleur... J'étais un peu trop loin je crois :)
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Charlie Lyons

Photo Guillaume Lahure

Estelle Balet

Photo Guillaume Lahure

Sam Anthamatten

Photo Guillaume Lahure

Sur la crête

Photo Guillaume Lahure

Sur la route

Photo Guillaume Lahure

Drew Tabke

Photo Guillaume Lahure

George Rodney

Photo Guillaume Lahure

Drew Tabke

Photo Guillaume Lahure

David Carlier et Alicia

Photo Guillaume Lahure
2 des personnes qui ont rendu tout ça possible! Il en manque des dizaines sur la photo.
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L'Alaska, c'est violemment beau

Photo Guillaume Lahure

Dans la tente régie

Photo Guillaume Lahure
installer une régie Live complète en plein milieu de nulle part est un sacré défi.
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Into the wild

Photo Guillaume Lahure
le camp de base à 1500 m d'altitude, plus d'une dizaine de personnes ont dormi là haut pendant tout le séjour. Dans la tente : la régie LIVE.
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Mon jet privé...

Photo Guillaume Lahure
et ma pilote pour rentrer de Haines à Juneau
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La mer de glace peut aller se rhabiller

Photo Guillaume Lahure
(vol de retour entre Haines et Juneau)
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Alaska!

Photo Guillaume Lahure
(vol de retour entre Haines et Juneau)
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6 Commentaires

gglapeuf un bien bon résumé!!!!!!!! ce qui remet bien les pendules à l'heure,
bravo et merci, sinon pour le bec faudrait bien que ça tombe un peu comme là bas...
 

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Charlie_H Très bon article, comme toujours. Mais un énorme pincement au coeur de savoir que Kévin prend sa retraite du Fwt. Tu vas nous manquer.
 

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TheBrain Merci pour toutes ces infos qui permettent de mieux comprendre les lignes prises.
En regardant les vidéos de près, c'est vrai que les dimensions sont immenses. Et puis, toute cette neige, ça brassait vraiment.
Les riders européens ne doivent pas avoir l'habitude, peut être pour cela que c'est un ricain qui gagne. Je pense que la compétition va s'améliorer d'année en année et que, les lignes seront sûrement meilleures et les runs encore plus beaux à regarder.
 

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