Interview Marie Martinod "Au nom des miens"

Dès son retour sur les skis en 2012, Marie Martinod s'était fixé un objectif : les Jeux Olympiques. Un rêve qui se réalise pour la jeune maman de 29 ans quand elle revient de Sotchi avec une médaille d'argent autour du cou. Nous vous proposons aujourd'hui le teaser de la version longue de son documentaire, incluant l'histoire russe, qui sortira en intégralité à l'Automne prochain. C'était également l'occasion de prendre des nouvelles de la médaillée après sa tournée médiatique post JO. Battante, elle rempile pour une nouvelle saison au sein de l'équipe de France avec des nouveaux objectifs. La Tignarde d'adoption fera également un stop aux GFS Camps cet été (du 26 au 2 Aout) pour coacher les apprenties freestyleuses. Partager sa passion semble être essentiel pour Marie. On la retrouve fidèle à elle-même à travers cette interview c'est à dire avec son franc parlé habituel et plus motivée que jamais pour la suite ! 

Je termine par un dernier contest à la maison : le SFR Tour, que je soutiens car c'est la seule tournée européenne existante. Je finis donc ma saison en beauté devant mes amis. Sans parler bien sûr de la tournée média post-JO amusante et plaisante qui m'a permis, je l'espère, de parler de ski freestyle un peu partout. Plus récemment, je viens de passer mon BE de ski, je peux donc dorénavant coacher des petio si le cœur m'en dit en étant assurée et légitime. Maintenant vient le temps de la prépa physique que je vais devoir mener de front avec diverses solicitations de part et d'autres. Que du bonheur !

Au SFR Tignes où Marie l'emporte (ph : Nicolas Kosika)

- Comment as-tu vécu l'engouement des médias grand public après ton podium à Sotchi ? 
Très simplement, en restant moi c'est à dire une fille passionnée, enthousiaste et une maman à donf ! J'avais conscience que seul le regard des gens sur moi peut changer mais pas moi. 

- Tu as atteint ton objectif néanmoins tu rempiles l'hiver prochain avec l'équipe de France et Greg Guenet. Quelles sont tes motivations ?
Globe de cristal, titre de championne du monde, gagner les X d'Aspen que je n'ai jamais gagné ! Ca passera par beaucoup de boulot c'est certain mais je sais pourquoi je vais monter des cols à vélo (rires) !

Pendant les X Games Aspen où elle termine 3ème (Ph : Guillaume Lahure)

- Après ton documentaire "Au nom des miens", as-tu de nouveaux projets personnelles en tête ?
"Au nom des miens" a été prolongé et revisité pour aboutir à un 52min qui englobe la dernière ligne droite avant les Jeux et l'ensemble des JO. Il sera diffusé à l'Automne (ndlr : on vous laisse apprécier le teaser ci dessus). Je pense faire une mini tournée des festivals de films avec David Lacote en Octobre. On a donc pas fini sur ce projet là. J'ai bien sur d'autres projets mais ils sont secrets pour l'instant et doivent murir pour être à la hauteur de l'image que je m'en fait. Affaire à suivre...

- Revenons sur ton événement à la mémoire de Sarah Burke à Tignes : Le Air Ladies. Tu souhaites le renouveler chaque année ?
Je compte évidemment sur une nouvelle édition du Air ladies. Le concept va néanmoins évoluer tout en gardant son âme à vocation caritative. Nous bossons dessus en ce moment avec Tignes et nous validerons les choses d'ici la fin du printemps. 

Les meilleures skieuses réunies pour célébrer Sarah Burke durant le Air Ladies (Ph: Tristant Shu)

- Sais-tu comment les fonds récoltés pour la fondation Sarah Burke vont-ils être investis ? 
Je ne sais pas comment les fonds seront utilisés à la fondation Sarah Burke mais ils le seront à bon escient je n'ai aucun doute là dessus. 

- Quels souvenirs souhaites-tu laisser à toutes les campeuses qui participeront à la semaine "girls" lors du GFS Camps cet été à Tignes ?
On sera avec  Coline Ballet-baz en mode coach. J'espère qu'on laissera la notion de plaisir imprimée dans la peau de ces jeunes filles pour que le ski et l'engagement restent avant tout un plaisir !

- D'ailleurs penses-tu qu'une skieuse en haflpipe ou slopestyle doit-être "coachée" différemment que son homologue masculin ? 
Non pas du tout ! Aborder un trick suit une logique purement technique et en aucun cas ne doit être soumis à une quelconque règle "psychologique" qui voudrait que les filles n'appliquent pas comme les garçons ! Sur cette semaine il s'agit de les rassembler non pas pour les isoler des garçons mais plutôt parce qu'elles sont encore peu nombreuses. Il est donc bon qu'elles se rencontrent et qu'elle sachent qu'elles ont leur place. 

Coupe du monde Breckenridge (ph : Tamara Berger)

- La question fait toujours débat et chacun a sa propre explication mais d'après toi d'où vient cette différence de niveau, souvent critiquée, entre les deux sexes dans nos disciplines ?
C'est une question d engagement. Les garçons sont plus foufou plus jeunes et acquièrent donc des automatismes plus petits. Les filles sont réfléchies plus tôt et perdent leur capacité d'engagement. Il y a aussi une notion de capacité physique et donc de blessures. Je relativise toujours en me disant que les 20 meilleures mondiales en slope ou en pipe seront toujours meilleures que 97% des gens qui pratiquent le freestyle dans sa globalité et donc pour la plupart, des mecs (rires) ! 

- Quelles sont pour toi les skieuses "freestyle" les plus talentueuses toutes générations confondues ?
Je pense à Michelle Parker pour sa diversité et la qualité de son ski mais aussi à Kelly Sildaru pour sa technicité en park et bientôt en pipe ! 

Pendant les Jeux Olympiques (capture d'écran : France Télévision)

- Tu as honoré de ta présence pas mal de manifestations dédiées aux plus jeunes. C'est ton rôle au quotidien de maman-skieuse qui te donne envie de partager davantage ?
Peut-être que le fait d'être maman me donne plus envie de me tourner vers les jeunes. C'est surtout que je me rappelle chaque jour d'où je viens et qu'à cette époque ce sont les grands qui m'ont fait rêver. Ils  m'ont donné l'envie de devenir comme eux alors je leur dois beaucoup. Aujourd'hui c'est à moi de rendre un peu au sport ce qu'il m'a donné. 

- D'ailleurs, aimerais-tu que ta fille suive tes traces dans le ski freestyle ?
Pas spécialement, je veux qu'elle soit heureuse et surtout à donf dans ce qu'elle entreprendra, quel que soit le sujet. Si c'est le ski, ce sera le ski et si c'est développer des programmes informatiques ou jouer du banjo et bien qu'à cela ne tienne. 
Mélirose et sa maman pendant le Dew Tour (ph : Guillaume Lahure)

- Comment encouragerais-tu davantage de jeunes filles à s'essayer au freestyle ? 
Je ne peux pas les encourager d'avantage. C'est un sport à risque et il faut donc à la base une volonté de fer pour se lancer. Après, j'ai envie de leur dire qu'une carrière dans le ski c'est long et que ce n'est pas parce que tu finis 4ème tout un hiver que ça ne sera pas toi la 1ère un jour. Il faut croire en ses chances et ne rien lâcher. Le ski et notamment le freestyle, ça ne se résume pas qu'au système de compétitions. C'est à elles d'être inventives, créatives et de voir comment elle veulent faire du freestyle ! On vit dans une société ouverte où la communication est reine et si tu as une bonne idée pour freestyler, la toile fait le reste...