Judit (14 févr. 2012) disait:
Caliban je ne connais pas ni Marco Grevy,ni Franck Deuzio ni Céline Trapesa. Si tu peux m'éclairer...
Le premier, à gauche, est Marco Grevy. Le deuxième c'est Franck Deuzio, forcément. Là ils prenaient un moment de repos bien mérité au chalet, après une éprouvante mais radieuse journée à creuser de sinueux lacets sous la neige. Les tenues leur conféraient une apparence de blaireaux, la tête solidement rattachée aux vigoureuses épaules. Elles permettaient à ces prodigieux créateurs des neiges de glisser, ramper et onduler avec grâce dans les entrailles de leurs créations. Ha ils étaient beaux et forts. Il fallait les voir manier la pelle, le regard perdu dans les méandres des boyaux cristallins qu'ils vivaient déjà avant même de les avoir concrétisés en ce bas monde. Il fallait les voir manier la pioche pour percer l'implacable mais respectable pellicule de glace protégeant en son sein la tendresse des flocons immaculés. Ho oui, il fallait les voir tracer des lignes invisibles aux ignorants de la surface, percer des puits dans ce linceul posé sur nos montagnes.
Quelle tristesse de les avoir perdu ces deux là : Marco, d'abord, coupé en deux par une fraiseuse alors qu'il creuser une belle galerie en courbe plongeante dans une congère bordant un talus sur la D1506. Puis Franck, en deuxième, forcément, qui continuait en solo l'oeuvre commencée avec son poto, son ami, son frère, fut écrasé de tristesse et surtout par le toit d'un igloo mal fini.
Mais leurs efforts n'auront pas été vain. Ils ont dissipé leur patrimoine pour apporter un peu de beau en ce monde mais aussi des bébés dans le ventre des filles. Une héritière est née :
Reprenant le flambeau, mais surtout les pelles, les pioches, sa bite et son couteau, à son tour elle sinue sous la neige. Accessoirement, elle porte aussi un arc et des flèches, histoire de dégommer ces cons de chats-oiseaux qui mettent par terre ses galeries en faisant les fous à la surface.
La montagne est belle, mais elle est aussi cruelle. Elle peut reprendre à chaque instant ce qu'on croit qu'elle veut bien nous donner.
Longue vie aux blaireaux-rampants, et à la beauté subtile et camouflée qu'ils ont su insuffler dans nos vies.
inscrit le 20/05/09
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