Faut pas être preeeessé, qu'il m'a dit, le JiGé. Parti de la gare de Lyon, on arrive à Bourg-en-Bresse en moins de deux heures, mais ensuite, ça se gâte : une de plus pour atteindre la riante ville de Bellegarde, deux autres (je suis mauvaise langue, j'aurais dû ajouter : en comptant les trois quarts d'heure d'attente) pour le bout du monde : Évian-les-Bains, plus le retard inévitable de ce tortillard qui s'arrête en des lieux improbables.

Bon, c'est bien long tout ça, mais le déplacement vaut le coup. Le titre de cet article, c'est le mot d'accueil de l'autochtone, JiGé en personne. On s'est vus deux fois à Paname, du temps où il fréquentait encore assidument la Capitale et ses mirifiques pots Skipass, maintenant, il est temps de faire réellement connaissance. Nous ne pousserons cependant pas l'intimité jusqu'à ce qu'il me présente à son voisin l'émir, ce sera à coup sûr pour la prochaine fois, n'est-ce pas ?

La première demi-journée sera consacrée à la visite d'Évian. Les trois ports d'abord : port de plaisance, port de commerce et port de guerre bien sûr. Je n'ai pas pu prendre de photos du dernier, secret Défense oblige ;). Ensuite la ville, ses Champs-Élysées et ses kebabs à l'heure espagnole, les thermes très kitsch, et les fontaines où l'on peut goûter à l'eau mondialement réputée. Croyez-moi si vous le voulez, mais de l'une à l'autre, il y a des différences, je remercie chaleureusement mon guide de m'avoir initié. Quelques travaux en ville permettront à JiGé de se tailler un beau succès dans le concours, catégorie ''contrastes''.
Nous irons ensuite en montagne, admirer de plus près cette Dent d'Oche que l'on peut apercevoir en arrivant par le train. Montée donc à Bernex puis vers la station. Ensuite, descente par le chemin des écoliers, détour par Thollon et ''le Grand Roc'', chef-d'?uvre de l'architecture pavillonaire des années 70/80, mais d'où la vue sur le fond du Léman vaut ledit détour.

Le lendemain, retour en montagne dans les dessus du hameau de Novel. Les fleurs se sont donné rendez-vous au bord du sentier, crocus diversement colorés et autres représentants des liliacées printanières. C'est le moment de sortir l'objectif à maquereaux ! Les montagnes de l'autre côté de la vallée (eeen suiiiisse) sont grandioses, mais tout juste sous le plafond des nuages, c'est presque une vision en noir et blanc que nous en avons. La nuit tombée, une idée folle nous vient : photographier au bord du lac, à même pas cinq minutes à pied de chez JiGé. La lune se couche en un minuscule croissant filiforme. J'ai à peine saisi l'instant : mes batteries tombent à plat et je n'ai pas pris de rechange sur moi. De plus, je dois poser l'appareil sur les cailloux pour assurer le temps de pose sans bouger, et pour parfaire le tout, je me paie un gadin dans lesdits cailloux. Tout va bien, le précieux appareil est sain et sauf.

J'ai demandé, pour mon dernier jour dans le coin, d'être encore plus dépaysé. Aussitôt dit, aussitôt fait ! C'est résolument que nous franchirons la frontière à Saint-Gingolph pour atteindre Montreux (son festival, son port, ses hôtels pour pauvres).
Mais il faudra reprendre le train du soir, avant quoi, nous inspectons la voie du Tonkin, y'a du boulot si on veut y circuler à nouveau !

Le folklore ne sera pas en reste lors de ce retour, outre que le retard du train arrivant à Évian se répercute sur celui qui en part (dix minutes), j'aurai la joie de suivre jusqu'à Paris les tribulations d'une famille munie d'un charmant braillard patenté. ''Il a de la personnalité'', dit son grand-père ; moi, je croyais que je n'aurais bientôt plus de nerfs.